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Image de Carli Jeen

Origine du Thé en Russie

Aux origines

Au début du 17e siècle, un prince mongol offre un présent au tsar de Russie : du thé ! Ce mystérieux breuvage commandé à la Chine des Qing est bientôt en vogue à la cour impériale. A la fin du siècle, le médecin d’Alexis Ier affirme également que le thé a de grandes vertus pour soigner les malades.

Des rivalités impériales

Dès le 18e siècle, les Empires russe et britannique se disputent le monopole mondial du commerce du thé. A l’époque, il existe deux points d’accès à l’Empire Céleste : le commerce des anglais emprunte la voie maritime via Nankin ; le passage frontalier à Kiakhta, privilégié par les marchands slaves, mène aux terres russes. Le thé transporté par voie terrestre vient des meilleures plantations et se conserve mieux que celui transporté par la mer, exposé à la chaleur et à l’humidité pendant des mois. Les vrais connaisseurs sont prêts à payer davantage pour les produits des maisons russes qui développent un certain art de vivre.

Un parfum de caravane

L’histoire du thé en Russie suit alors les romanesques routes des caravanes, sillonnant les steppes de Mongolie et les plaines de Sibérie via Irkoutsk, plaque tournante, avant de traverser l’Oural pour fournir l’aristocratie des villes de l’Ouest. Le trajet dure parfois plus d’un an ! Dans la capitale moscovite, c’est un véritable engouement, les habitant sont surnommés les « buveurs d’eau », alors que certains prêtres orthodoxes comparent le thé à une boisson satanique ! Au 19e siècle, les briques de thé s’échangent encore contre des fourrures, dans la fièvre de la foire de Nižni Novgorod. L’affaire est dans le sac, l’Histoire est en route !

Indispensable breuvage

Le thé devient populaire à partir du milieu du XIXème siècle, quand les plantations de thé font leur apparition en Géorgie et que le prix du thé devient plus abordable. Il prend alors une place centrale dans la vie russe, même au sein de villages très reculés de l’Empire. Il est consommé en grande quantité : 10 à 12 tasses par jour en remplacement de l’eau ! Ainsi, c’est parfois son taux* qui fixe le prix des autres marchandises sur les foires. C’est aussi à cette époque qu’apparaît le samovar. Ce récipient souvent décoratif est le successeur des bouilloires mongoles.

De consommateur à producteur

En 1913, ces importations coûtent aussi cher que le budget alloué à l’éducation ! La révolution russe porte un coup fatal aux usines chinoises. Les autorités soviétiques décident de produire le thé en Géorgie puis en Azerbaïdjan et sur les rives de la mer Noire. En 1941, près de la moitié du thé consommé est élaboré localement, l’URSS devient le 3e producteur mondial !

Pendant la guerre froide, la Russie importe son thé depuis l’Inde, avec qui elle a de bonnes relations. Heureusement, car la mécanisation de l’industrie en Géorgie dans les années 70 permet une augmentation des volumes…aux dépens de la qualité. Les consommateurs prennent l’habitude de « couper » les thés locaux avec des thés d’importation, plus chers mais de meilleure qualité !

La révolution qualitative du 21e siècle

Si la Russie est aujourd’hui le premier importateur de thé, elle continue de cultiver des champs de thé issus de camélias chinois. Les théiers, désormais soignés, se plaisent dans le Caucase, entre mer Noire et mer Caspienne. Passant la frontière, on les trouve dans des fermes à taille humaine en Géorgie et en Azerbaïdjan, le plus souvent reconverties en agriculture bio ou raisonnée. Les jardins de Chakvi-Guria sont une référence, tandis que flotte le souvenir des théiers de Krasnodar…

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Le taux passé du thé est à l’origine d’une expression : « na tchaî » qui signifie
« pourboire » et qui
peut être traduit littéralement par : « pour le thé » 

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